Rapports de l’IRIS et de l’Observatoire de l’ACA sur les effets de la pandémie sur le milieu communautaire

Si on se souvient de la dernière AGA, on avait soulevé l’importance de tirer les leçons de ce que le communautaire a traversé durant la pandémie.  Pour aider à cette mémoire et réflexion collectives, nous avons cru bon de vous vous présenter deux documents de référence importants, en lien avec l’ACA et la pandémie. Les recherches que nous vous présentons se rejoignent et se complètent, et nous apportent des données solides pour aller plus loin dans nos revendications.

Comme nous pouvons facilement imaginer que vous manquez peut-être de temps et/ou d’énergie pour faire de la recherche et tout lire dans les moindres détails, nous avons ressorti les éléments importants de ces recherches. Voici donc deux courts résumés que vous pouvez tranquillement lire, en prenant votre café sur votre terrasse ou dans votre salon ;).

1) Dans le Cahier préliminaire de l’Observatoire de l’ACA intitulé :  COVID-19 : Actions des organismes communautaires en temps de crise : essentielles mais non reconnues, l’Observatoire de l’ACA met en lumière comment la pandémie a accentué les inégalités préexistantes, comment plusieurs populations ont été éprouvées plus que les autres et comment de nombreuses solidarités ont répondu à certains besoins de bases présents. Malgré ces nouvelles solidarités,  l’Observatoire de l’ACA fait ensuite remarquer que le contexte de confinement et les mesures sanitaires ont entravé l’organisation de l’action collective, et donc le pouvoir d’action du communautaire sur des changements structurants, et ce sur des enjeux déjà présents avant la pandémie…Comment se fait-il ?

Les rencontres en personnes et les espaces de rencontres informelles apparaissent comme la clef de voûte de l’éducation populaire et de la mobilisation. En fait, l’Observatoire de l’ACA explique que lorsque la santé, la sécurité et les besoins de base des membres des organismes sont menacées, les liens de communication et l’implication des membres ou des personnes dans des actions collectives sont extrêmement difficiles, voir impossibles. De plus, comme les organismes se sont retrouvés à répondre rapidement à des besoins urgents, à pallier aux angles morts des mesures gouvernementales mises en  place et à devoir composer avec du personnel épuisé (vu des conditions de travail difficiles), il a été difficile pour eux de s’investir dans l’ACA. 

  Ainsi, le contexte de la pandémie a eu un impact important sur la mission et les approches des organismes, et donc à ce qui est au cœur de l’action communautaire autonome (ACA). Rappelons que les organismes d’ACA sont enracinés dans la communauté et  travaillent PAR, POUR et AVEC les personnes rejointes, qui ne sont pas vues comme une “clientèle à desservir ». 

La principale inquiétude des organismes de l’ACA est que la priorité  mise au cours des derniers mois sur la réponse aux besoins de base amène  “les organismes à être considérés comme des prestataires de services au détriment de leur mission plus large de transformation sociale.” (p.9)

Pour lire les Cahiers Action de l’Observatoire de l’ACA, vous pouvez cliquer ici

2) De son côté,  l’IRIS a publié un rapport de recherche s’intitulant :  Effets de la crise sanitaire sur le milieu communautaire- Portrait de la situation pour les organismes du Québec. Celui-ci reflète la réalité de 700 groupes du mouvement communautaire autonome durant la première vague de la pandémie et rejoint la recherche de l’Observatoire de l’ACA. En outre, on y comprend comment la précarité et les difficultés de recrutement de certains groupes se sont retrouvées exacerbées. Certains organismes ont même dû mettre la clef dans la serrure et fermer leur porte ! 

Vous trouverez ci-dessous, certains données retranscrites du rapport de l’IRIS, que nous croyons digne d’intérêt  :

  1. Les groupes ont surtout augmenté la réponse aux besoins de base, alors que les activités de  mobilisation, d’action collective et la représentation politique ont été entravés.
  2. Un peu plus de la moitié des activités ont été faites à distance en moyenne. Cela a posé des enjeux pour plusieurs en raison du manque d’espace physique ou mental, mais aussi d’accès à la technologie et à des connexions internets rapides et stables.
  3. Bien que 20% des groupes sont encore dans une situation précaire en raison du sous-financement chronique, les groupes communautaires du Québec s’en sortent généralement mieux qu’ailleurs au Canada grâce à leur modèle de financement basé sur le financement à la mission.
  4. Cette résilience a toutefois un coût humain : pour les deux tiers des groupes interrogés, la charge de travail était immense et difficile à prévoir ce qui a eu des conséquences sur l’équilibre vie personnelle-travail et sur le sentiment d’accomplissement des travailleuses.
  5. Près d’un groupe sur cinq est dans une situation précaire en raison du sous-financement et de la pandémie, et le quart de ceux-ci sont dans une situation qui met en danger leur existence.”

Pour lire, plus en détails, le rapport de recherche de l’IRIS, juste à cliquer ici

Pour notre part, ajoutons que si en Outaouais, les groupes étaient déjà sous-financés et qu’on peinait à trouver une stabilité dans le recrutement des employés, nous avons observé que la pandémie est venue éprouver un bon nombre de groupes qui ont maintenant de la difficulté à se sortir la tête de l’eau. La question se pose donc : comment pouvons-nous assurer un filet social solide et incarner les valeurs de l’ACA dans ce contexte?

Si nous n’avons malheureusement pas toutes les réponses, nous savons toutefois que ces documents de références sont des données précieuses afin de documenter et appuyer nos revendications. Mais plus que tout, il nous importe d’être sensible à la réalité de l’ensemble des organismes en Outaouais afin de poser des actions qui sont PAR, POUR et AVEC vous. 

Solidairement,

Pascale 

Pour L’Équipe de la TROCAO